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École normale supérieure de Lyon - ENS Lyon

Type: Institutional evaluation report
Evaluation campaign: 2019-2020 (group A) - Published on: 27/04/2022
Keywords: ENS ; Lyon
rapport_ENS-Lyon

Observations du Président du Hcéres

L’évaluation de l’École normale supérieure de Lyon (ENS de Lyon) a été conduite par un comité d’experts présidé par M. Jean-Claude JEANNERET, ingénieur général des mines et ancien directeur général de l’Institut Mines-Télécom. 


Selon le rapport produit par ce comité, l’ENS de Lyon et, au premier chef, son président ont joué un rôle central dans le portage de l’Initiative d’excellence « IDEXLYON » qui, in fine, s’est révélée un échec après plusieurs crises successives qui n’ont laissé à l’État à l’automne 2020 d’autre solution que de mettre fin au projet. Les difficultés liées depuis 2012 à l’élaboration du projet d’IDEX, à son pilotage comme à son arrêt ont pesé fortement et probablement à l’excès sur l’exercice d’évaluation de l’ENS. 


Le rapport d’autoévaluation de l’école reflète fortement cette situation particulière, ce qui a déterminé pour une large part l’exercice d’évaluation lui-même.  Il en résulte à l’issue de l’évaluation un sentiment empreint de regrets. 


La mise en œuvre d’une culture de l’excellence en recherche comme en formation est une réalité au sein de l’ENS de Lyon, comme en témoignent, par exemple, les classements internationaux, la qualité de l’encadrement ou la nature des partenariats scientifiques au niveau national comme au niveau international. Le rapport d’évaluation le confirme globalement, sans se livrer systématiquement à une revue approfondie des contributions en recherche et en formation que l’école apporte à l’ESR. Des données plus détaillées lui permettent de montrer l’ampleur des réalisations en matière de politique documentaire d’une part, de valorisation de la recherche d’autre part.


Le rapport d’évaluation salue aussi l’effort de l’école pour accroître et diversifier son recrutement d’étudiants. L’ENS de Lyon renforce ainsi son attractivité et son impact, ce qui lui permettra d’amplifier à terme son rayonnement international, déjà reconnu dans plusieurs classements. Cependant, le rapport d’autoévaluation n’apporte pas de données suffisantes sur l’insertion des élèves et des étudiants normaliens, et sur son évolution au cours du temps, instrument de mesure indispensable de la contribution de l’ENS de Lyon (et des autres ENS d’ailleurs) à notre système d’enseignement supérieur et de recherche, comme à la société tout entière.  


Le souci de développer en recherche comme en formation une stratégie de pluridisciplinarité et même de transdisciplinarité constitue une originalité de l’école qui est également soulignée. Il y a là, pour le comité d’experts, un sillon à creuser. En la matière, le comité met en avant le rôle particulier que pourrait jouer le conseil scientifique de l’école, dont la composition est très ouverte et les compétences élargies. En effet le conseil scientifique, comme dans les autres ENS, mais à la différence des universités, « procède à l'évaluation pédagogique et scientifique des activités de l'établissement en s'appuyant sur des évaluations institutionnelles extérieures, françaises et internationales ». Le comité d’experts souhaite que le rôle du conseil scientifique ainsi défini soit renforcé. 


Si le comité souligne le caractère agile et réactif de la gouvernance, il pointe néanmoins une organisation interne complexe et peu lisible, une politique de la qualité balbutiante et, particulièrement, des instruments de pilotage insuffisants au regard des enjeux pluriannuels. Ainsi, alors que la situation financière paraît saine, l’évaluation pointe néanmoins un manque de vision pluriannuelle et l’insuffisance d’outils de prévision.


Le comité souhaite aussi que l’école renforce son effort de communication interne.  Alors qu’à l’ENS de Lyon, les conditions de travail et plus généralement les conditions d’exercice des missions de recherche et de formation sont remarquables, le rapport d’évaluation souligne un paradoxe préoccupant : un dialogue social dégradé, qui donne lieu à de nombreux contentieux, et des étudiants dont certains expriment un malaise et paraissent fragilisés. Le comité a été ainsi conduit à adresser à l’école des recommandations pour qu’elle cherche l’apaisement dans le dialogue avec les personnels et s’attache dans le cadre de sa politique de vie étudiante – par ailleurs active – à traiter les désarrois exprimés. 


S’agissant de l’Institut français de l’éducation (« ifé »), le rapport ne lui consacre qu’une place réduite, en raison des développements limités dont il fait l’objet dans l’autoévaluation de l’établissement et de sa situation particulière au sein de l’École et, notamment, des liens étroits que l’Institut entretient avec la direction générale de l’enseignement scolaire. Or, la présence depuis 10 ans de cet Institut au sein de l’ENS de Lyon devrait pouvoir offrir à l’école et à l’ifé un rayonnement particulier, en France et à l’étranger, dans le domaine des recherches sur l’éducation et au sein de notre système éducatif.  Comme l’avait fait le précédent rapport d’évaluation, le comité d’experts appelle donc tant l’école que le ministère chargé de l’éducation nationale à clarifier la nature de l’ancrage de l’ifé au sein de l’ENS et à en faire enfin un véritable atout stratégique pour l’établissement, pour l’enseignement scolaire et pour l’enseignement supérieur.


Enfin, compte tenu des péripéties de la politique de site survenues pendant la période d’évaluation, le rapport ne s’est pas aventuré à formuler des recommandations sur la nature des alliances que l’école pourrait conclure. Après l’arrêt de l’IDEXLYON, force est de constater qu’entre les vagues 1 et 2 de l’appel à projets « ExcellenceS » du programme d’investissements d’avenir, les configurations partenariales porteuses des deux projets lyonnais ont encore été modifiées, marquant par-là l’instabilité des formes d’alliance choisies par les établissements d’enseignement supérieur de la métropole lyonnaise, dont l’ENS Lyon.


Il y a là une situation particulièrement préoccupante pour une place universitaire et scientifique de premier plan. Depuis 10 ans, les acteurs du site ne sont malheureusement pas parvenus à choisir une stratégie et à s’y tenir. C’est pourquoi le Hcéres appelle l’État – dans cette situation particulière – à donner au dialogue contractuel avec tous les établissements l’objectif de stabiliser les configurations partenariales sur le site et à utiliser tous les instruments à sa disposition pour y parvenir.

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