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Université Jean Monnet Saint-Étienne - UJM

Type: Institutional evaluation report
Evaluation campaign: 2019-2020 (group A) - Published on: 19/07/2022
rapport_Jean-Monnet_Saint-Etienne

Observations du Président du Hcéres 

L’évaluation de l’Université Jean Monnet – Saint-Étienne (UJM-SE) a été conduite par un comité d’experts, présidé par le professeur Mohamed AMARA, ancien Président de l’Université de Pau et des Pays de l’Adour. Elle s’est déroulée dans un contexte spécial, marqué par les turbulences du site Lyon – Saint Étienne.

Pendant 10 ans, l’UJM-SE a poursuivi une stratégie d’intégration au site lyonnais qui a finalement abouti à la sélection en 2017 du projet IDEXLYON et à la perspective d’un établissement public expérimental (EPE) par fusion de trois universités (Claude Bernard Lyon 1, Jean Moulin Lyon 3 et Jean Monnet Saint-Étienne) et intégration de l’ENS Lyon comme établissement-composante. Opérant un revirement stratégique, le conseil d’administration de l’UJM-SE a rejeté en octobre 2020 les statuts de l’EPE, amenant l’État à annoncer l’arrêt définitif de l’Idex avec des conséquences traumatiques à Saint-Étienne comme à Lyon. Le rapport d’auto-évaluation élaboré pendant la période d’administration provisoire consécutive à la crise de gouvernance survenue à l’UJM-SE se fait l’écho de cette situation exceptionnelle.

Le comité reprend à son compte l’analyse des risques par l’UJM-SE pour justifier sa décision : perte d’identité, dispersion voire dissolution dans le nouvel établissement, perte d’activités de recherches et de moyens par redéploiement, éloignement des centres de décision, évolution vers un collège universitaire…Il estime, à l’instar des collectivités ligériennes, que ces risques étaient effectifs. Ce choix politique oblige désormais l’UJM-SE à recentrer sa stratégie sur ses territoires historiques (Saint-Étienne et Roanne), à valoriser ses propres forces et à retrouver ses fondamentaux : « établissement de proximité, pluridisciplinarité, université d’ascension sociale qui vise l’excellence ». L'établissement s'inscrit ainsi parmi ces universités créées en région dans les années soixante et qui sont à la recherche de stratégies distinctives garantissant l’attractivité nécessaire dans un univers de plus en plus concurrentiel.

C’est ainsi que le lien est réaffirmé avec le CHU et qu’est programmé un campus santé, que le comité recommande de bien préparer en amont pour structurer dans les meilleures conditions des projets transversaux valorisant les compétences scientifiques et cliniques particulières du site. Le partenariat avec le CHU se développe également en vue de l’universitarisation des formations de santé et la formation aux nouveaux métiers du soin, objectifs appuyés par la mise en œuvre d’un centre de simulation qui représente pour le comité un enjeu majeur. En outre, des partenariats académiques sont à renforcer au niveau local dans le domaine de l’ingénierie comme dans celui de l’architecture, des arts et du design qui participent à l’histoire comme à l’identité nouvelle du site stéphanois.

L’UJM-SE assume une spécialisation en recherche autour de trois grands domaines : surfaces, interfaces, optique ; santé, sport, ingénierie ; humanités, mutations, territoires. La dynamique scientifique qui résulte de ce choix devrait permettre à l’université de renforcer son identité avec le soutien à des problématiques en émergence et à des niches de spécialité que, d’après le comité, l’établissement devrait mieux objectiver par une analyse approfondie des forces et des résultats scientifiques obtenus ou attendus. C’est pourquoi il recommande à l’université de se doter d’outils d’information et d’indicateurs robustes au service du pilotage de la recherche et d’assumer ses choix de thématiques prioritaires pour guider sa politique d’allocation des moyens et accroître notamment le nombre des doctorants, jugé insuffisant. Cette politique de recherche est complétée par la volonté de développer les réponses aux appels à projets et la recherche partenariale avec l’industrie. Dans le domaine de la valorisation, l’UJM-SE mobilise la palette des moyens d’action disponibles :  contrats bilatéraux avec les entreprises, pleine intégration à la SATT Pulsalys, potentiel remarquable d’expertise dans le domaine du laser et de l’ingénierie lumière-surface en liaison avec MANUTECH, innovation et transfert portés par l’incubateur USE’IN avec d’excellents résultats que le comité recommande de mieux mettre en valeur.

L’évaluation fait apparaître une formation initiale de qualité, bien ancrée dans le territoire, une réussite étudiante parmi les meilleures de France et une insertion professionnelle qui semble un point fort de l’établissement. L’université développe une politique volontariste de développement de l’alternance et de l’innovation pédagogique, notamment numérique. Le comité note cependant un investissement trop faible en formation continue et de ce fait un déficit regrettable de liens avec l’environnement socio-économique. Globalement, si le comité salue l’engagement en formation de l’UJM-SE, il souhaite un effort plus important en termes de politique qualité comme en termes d’évaluation de l’activité de formation, de mesure des résultats et de l’efficience des dispositifs d’orientation et d’insertion. Le comité souligne l’engagement de l’UJM-SE pour améliorer l’accueil des étudiants et leur qualité de vie sur les campus et pour conduire une politique sociale soutenue à leur destination. Il recommande une amélioration des relations – délicates – avec le CROUS de Lyon pour que soient mieux pris en compte les besoins spécifiques du site stéphanois.

L’évaluation met en lumière que, malgré le niveau de la dotation, jugé insuffisant par le comité au regard des actions structurantes qu’il appelle de ses vœux, l’université a su stabiliser et sécuriser sa trajectoire financière, par un pilotage et un suivi rigoureux. Les experts invitent néanmoins l’UJM-SE à déployer une véritable stratégie numérique et à se doter d’outils d’information efficaces.

Le comité appelle l’université à recréer de nouveaux liens, notamment scientifiques, avec la métropole lyonnaise alors que l’établissement n’est partie prenante d’aucun des deux projets ExcellencES portés par Lyon. Il note toutefois que les blessures entraînées par la décision prise par l’UJM-SE en 2020 sont loin d’être cicatrisées, ce qui oblige à des efforts redoublés.

Dans cette situation, le Hcéres souhaite que l’État, fortement et légitimement préoccupé par la structuration si difficile de la place lyonnaise, puisse également prendre en compte et soutenir les dynamiques positives qui pourraient émerger pour refonder la coopération entre Lyon et l’Université Jean Monnet Saint-Étienne.

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