Intégrité scientifique
Prises de parole des chercheuses et des chercheurs dans l’espace public : quels nouveaux enjeux pour l’intégrité scientifique ? Colloque Ofis
à
Lieu du colloque : Collège de France
La pandémie de Covid-19 a fortement accentué la visibilité publique des chercheurs. Elle a aussi intensifié les questionnements sur les bonnes pratiques en matière de prises de parole, amenant des institutions scientifiques à s’exprimer sur le sujet et à adopter des chartes d’expression publique. De fait, les questions d’intégrité scientifique ne s’arrêtent pas aux portes des laboratoires, mais concernent l’ensemble des dimensions du métier de chercheur, dont la communication en direction du public.
Dans le cadre de sa mission nationale d’animation et de prospective, l’OFIS souhaite explorer, lors de cette édition 2022 de son colloque annuel, les divers enjeux soulevés du point de vue de l’intégrité scientifique par la parole scientifique dans l’espace public, afin d’établir l’état des pratiques et d’éclairer l’élaboration par les communautés scientifiques de principes partagés en la matière.
Il s’agira notamment :
i/ d’explorer d’éventuelles tensions entre intégrité scientifique, liberté académique et liberté d’expression (en quoi ces libertés se distinguent-elles ? peuvent-elles s’entre-limiter ?)
ii/ d’analyser les différentes formes de prises de parole dans les médias et les enjeux spécifiques qu’elles soulèvent (par exemple, quelles formes d’autorégulation associables à chaque espace d’intervention)
iii/ d’évaluer l’impact des réseaux sociaux sur l’expression des chercheurs, en particulier les phénomènes d’autocensure, et sur le cours des controverses scientifiques
iv/ d’interroger les modes d’articulation entre expression publique d’une institution et prises de parole individuelles de ses chercheurs (doit-il exister un « devoir de réserve » de la part d’une institution ? Au nom de qui ou de quoi un chercheur peut-il parler ?).
Une table ronde de clôture dessinera des perspectives d’action.
Programme
9h - 9h30 - Accueil des participants
9h30 - 9h40 - Introduction générale : Stéphanie Ruphy, professeure à l’ENS Ulm, directrice de l’OFIS
9h40 - 11h10 - Session 1
La parole publique des scientifiques, entre liberté d’expression et liberté académique
Président de séance : Charles Girard, maître de conférences en philosophie à l’université Jean Moulin, Lyon 3
- Adrienne Stone, professeure de droit à l’Université de Melbourne: "The Professor, the Public Intellectual and the Activist: The Nature and Limits of Academic Freedom"
- Olivier Beaud, professeur de droit public à l’Université Paris II Panthéon-Assas : "Pour un usage raisonné et raisonnable de la liberté académique ; le cas de la parole publique des scientifiques"
- Yves Gingras, professeur d’histoire et de sociologie des sciences à l’Université du Québec à Montréal (UQAM): "La liberté universitaire : Droits, responsabilités et risques de la prise de parole"
11h10 - Pause Café
11h30 - 13h - Session 2
La parole scientifique dans les médias, en particulier les médias sociaux
Président de séance : Michel Dubois, directeur de recherche au CNRS
- Dominique Costagliola, directrice de recherche en épidémiologie et biostatistique à l’Inserm: "Communication scientifique, médias et réseaux sociaux pendant la crise COVID-19 : le vécu d’un chercheur"
- Victor Garcia, journaliste à L’Express: "Vue d'un journaliste, rôle informationnel et dérives des prises de parole des scientifiques sur les réseaux sociaux"
- Nathan Peiffer-Smadja, chef de clinique, infectiologue à l’Assistance Publique - Hôpitaux de Paris: "Information médicale sur les réseaux sociaux : une épée à double tranchant ?"
13h - Pause déjeuner (libre)
14h30 - 16h - Session 3
Quelle articulation entre parole institutionnelle et parole individuelle ?
Présidente de séance : Ghislaine Filliatreau, référente à l’intégrité scientifique de l’Inserm
- Tâm Mignot, directeur de recherche en biologie, CNRS/Aix‐Marseille Université
- Denis Guthleben, ingénieur de recherche, membre du Comité pour l'histoire du CNRS: "L'articulation des paroles dans l'histoire du CNRS... et avant"
- Augustin Fragnière, coordinateur de la commission « Recherche et engagement » de l’université de Lausanne: "Qu’est-ce qu’une université engagée ? Retour sur les réflexions menées à l’Université de Lausanne"
16h - Pause Café
16h20 - 17h40 - Table ronde de clôture
Perspectives d’action
Modération : Christine Noiville, directrice de recherche au CNRS, présidente du COMETS
- Emmanuel Didier, directeur de recherche au CNRS, membre du CCNE
- Eric Guilyardi, directeur de recherche, membre du COMETS
- Pierre Ouzoulias, sénateur, membre de l’OPECST
- Marie-Aude Vitrani, vice-présidente Vie institutionnelle et démarche participative, Sorbonne Université
17h40 - Conclusions
- Stéphanie Ruphy, professeure à l’ENS Ulm, directrice de l’OFIS
17h50 - Cocktail de clôture
Le colloque se déroulera uniquement en présentiel et inclura des moments de convivialité pour faciliter les échanges.
Raja Chatila (Collège de déontologie du MESRI), Michel Dubois (CNRS), Ghislaine Filliatreau (Référente à l’intégrité scientifique Inserm), Hélène Le Meur (OFIS), Olivier Le Gall (Président CoFIS), Michèle Leduc (CoFIS), Catherine Guaspare-Cartron (CNRS), Charles Girard (Université Lyon 3), Christine Noiville (Présidente du COMETS-CNRS), Stéphanie Ruphy (directrice OFIS), Yves Sciama (AJSPI : Association des journalistes scientifiques de la presse d’information).
Collège de France
Amphithéâtre Marguerite de Navarre
11 place Marcelin Berthelot, 75005 Paris
Metro ligne: 10, 4 (Odéon, Saint-Michel, Cluny Sorbonne) - RER B (Saint-Michel)
Bus: 47, 63, 72, 86
Session 1 : La parole publique des scientifiques, entre liberté d’expression et liberté académique
La parole des scientifiques est régie tantôt par la liberté d’expression, dont ils disposent en tant que citoyens pouvant exprimer leurs opinions propres, et par la liberté académique, dont ils jouissent en raison de la fonction spécifique qui est la leur. La liberté académique, qui inclut la liberté de l’enseignement et la liberté de la recherche, se distingue de la liberté d’expression en ce qu’elle est une condition nécessaire de leur activité professionnelle : son sens et ses limites sont fixées, comme les responsabilités qui l’accompagnent, par les exigences du travail scientifique. Le partage entre ces deux libertés est parfois ramené à l’écart séparant une parole dans les murs de l’université et une parole hors des murs (...).
Session 2 : La parole scientifique dans les médias, en particulier les médias sociaux
L’engagement public des scientifiques repose en grande partie sur leur présence dans les médias traditionnels et numériques. Rendre la science publique c’est être capable d’en communiquer les avancées non seulement vers ses pairs mais aussi vers un public que l’on sait le plus souvent intéressé par la science, mais pas nécessairement familier de son langage et de ses méthodes (...).
Session 3 : Quelle articulation entre parole institutionnelle et parole individuelle ?
Si la question de l’articulation entre parole institutionnelle et parole individuelle dans l’espace public n’est pas nouvelle, elle s’est probablement complexifiée au cours des dernières années. Jusqu’ici, l’institution communiquait essentiellement sur « sa » recherche par le biais de professionnels (communicants, journalistes) utilisant des canaux d’information pour la plupart déjà répertoriés. De même, les chercheurs prenaient le plus souvent la parole face à un public non professionnel dans des circonstances plutôt cadrées : interviews déférentes pour célébrer un résultat ou un équipement, intervention pour encourager des donations, fête de la science, interventions en milieu scolaire (...).