Rapport d’évaluation FR
Université Le Havre Normandie
Observations du Président du Hcéres
L’évaluation de l’Université Le Havre Normandie, conduite par un comité d’experts présidé par M. Yves JEAN, Professeur à l’université de Poitiers, confirme le bien-fondé d’une stratégie d’ancrage de l’établissement dans l’écosystème havrais, qui offre aux bacheliers une palette de formations de proximité, tout en valorisant des compétences scientifiques distinctives, liées au territoire et complémentaires de l’offre des deux universités de Caen et de Rouen, au sein de la COMUE Normandie Université.
Le comité d’experts encourage l’Université à poursuivre, en lien avec la stratégie de spécialisation intelligente de la Région Normandie, cette politique de différenciation scientifique, qui fonde son identité dans les domaines du continuum terre-mer, de la logistique et de la chimie, en relation avec les enjeux industriels, environnementaux et patrimoniaux du port et du littoral.
Cependant, malgré certains succès au PIA (Projet « Smart Port City » lauréat de l’AAP Territoires d’innovation) et la participation à des réseaux coopératifs nationaux et internationaux, le positionnement de l’université ne repose pas, d’après le comité, sur une politique de recherche suffisamment claire, structurée et affirmée. Il note ainsi une érosion du potentiel de recherche, un manque de suivi de la production scientifique et une absence de lien entre stratégie affichée et politique de l’emploi scientifique. Ces faiblesses le conduisent même à inviter l’établissement à approfondir le débat sur l’identité de l’université. Or, indique le comité, les spécialités thématiques choisies constituent autant de points forts pour donner toute sa place à l’université dans l’écosystème d’innovation normand avec l’appui de Normandie Valorisation, en tirant le meilleur parti de ses plateformes techniques et en renforçant les liens avec les industriels. Cette orientation devrait permettre d’améliorer les résultats en termes de valorisation et de contrats avec les acteurs économiques au bénéfice également de la politique de formation et de l’insertion professionnelle des étudiants de tous niveaux.
En effet, l’Université Le Havre Normandie a fait de la professionnalisation des formations et de la réussite étudiante l’une de ses ambitions principales. Le comité souligne que la politique de formation se veut fortement ancrée localement pour répondre aux besoins du territoire et des partenaires locaux. Cependant il s’interroge sur un faible niveau de développement des formations en alternance et un manque net d’implication dans l’offre de formation continue. En conséquence, il recommande, au-delà des objectifs affichés, d’élaborer une vraie stratégie de collaboration avec les acteurs socio-économiques. De façon complémentaire, le comité d’experts, tout en saluant les efforts de l’université pour développer, dans un « établissement à taille humaine », les pédagogies actives et l’innovation pédagogique, regrette une insuffisante appropriation du projet lauréat PIA-NCU « Réussites plurielles » pour déployer les formations en blocs de compétences et favoriser ainsi l’élaboration du projet professionnel personnel des étudiants. Enfin le comité met en lumière l’originalité que constitue l’ouverture internationale de l’université, qui pourrait se voir renforcée par la mise en œuvre d’un guichet unique pour les étudiants étrangers et la création malencontreusement différée d’une maison des langues déjà prévue il y a 5 ans.
En matière de gouvernance et de pilotage, le rapport d’évaluation fait ressortir la grande qualité du dialogue social renforçant sentiment d’appartenance et reconnaissance de l’implication des personnels. La fluidité de circulation des informations que permet la taille de l’Université Le Havre Normandie ne saurait cependant suppléer le manque d’un système d’information intégré nécessaire au pilotage global de l’établissement et à une gouvernance associant davantage au processus décisionnel la communauté universitaire.
Le point le plus préoccupant concerne, malgré une situation financière assainie, les contraintes budgétaires encore très fortes et la soutenabilité de l’offre de formation, ce qui a pour conséquence un volume de rémunérations complémentaires trop élevé pour des ressources propres insuffisantes. L’établissement doit se donner les moyens de conserver la maîtrise de sa masse salariale, afin de rétablir des marges financières pour retrouver des capacités de recrutement en phase avec les axes prioritaires de son positionnement stratégique.
Le Hcéres invite l’État, dans son dialogue avec l’Université Le Havre Normandie, comme il l’a fait récemment avec l’Université Bretagne Sud, à déployer une politique spécifique pour aider ces établissements jeunes, aux profils comparables, et très impliqués dans leur écosystème local, à affermir leur identité et à surmonter les difficultés qui sont les leurs.